La quinzaine de la solidarité de la Ville de Bruxelles est consacrée cette année 2022 à la thématique de la globalisation.
La globalisation caractérise le développement des échanges et des interactions humaines sur toute la planète. Ce phénomène est fortement lié à l’amélioration des technologies de l’information qui est en cours depuis une trentaine d’années.
De prime abord, cette globalisation résonne comme un processus assez connoté négativement. On peut notamment évoquer la globalisation financière du monde, qui a accéléré la circulation des capitaux dans pratiquement tous les pays et est au service d’une économie « en temps réel », « qui ne dort jamais » et dont les objectifs de gains à très court terme ne sont pas constructifs pour la transition nécessaire vers une économie sociale et durable.
Cet aspect financier va également de pair avec l’expansion des sociétés transnationales qui développent une vision globale de leur stratégie commerciale et de leurs gains, produisant là où les coûts sont moindres (et en parallèle les droits humains et les règlements environnementales aussi) et déclarant leurs bénéfices là où les impôts sont nuls. Il y a en parallèle à ça une circulation accrue des marchandises, qui sert et dessert en même temps, en fonction des conjonctures économiques, le développement de certaines régions / pays. En effet, cette circulation permet à des pays ayant un net avantage comparatif pour produire certaines choses (notamment liées à la spécificité de leur climat) à pouvoir les écouler sur le marché mondial et à en tirer donc des profits qui développent leurs économies. Cependant, bien que ce postulat soit attrayant sur papier, on constate bien souvent que la plupart de ses produits ont un prix qui fluctuent fort en fonction du marché mondial et qu’une économie trop focalisée sur l’un ou l’autre produit d’exportation spécifique est peu résiliente sur le long terme. Pire, certaines cultures d’exportation (coton, café, cacao, etc.) dans un monde globalisé mettent en réalité en concurrence accrue les agriculteurs de tous les pays et finalement, à défaut de standards sociaux et environnementaux mondiaux, les procédés de production entraînent de nombreuses externalités négatives, pour les travailleurs et l’environnement. Les discussions à plusieurs échelons institutionnels sur le devoir de vigilance constituent un premier pas pour limiter les effets négatifs de ce marché globalisé des travailleurs.
D’un point de vue « circulation », la globalisation n’a cependant pas entraîné de progrès dans le domaine de la mobilité humaine. Un des pires phénomènes inégalitaire au monde qui fait qu’en fonction de notre endroit de naissance, nous pouvons voyager librement dans 192 pays si on naît au Japon ou à Singapour, ou se voir refuser le libre accès à la majorité des frontières du monde si on est de nationalité afghane. Bien que le travailleur soit considéré comme une marchandise dans le monde globalisé, cette marchandise ne peut pas aussi bien circuler que du sucre de canne ou qu’un smartphone.
La globalisation a cependant permis de démarrer certains processus qui ont eu une réelle valeur ajoutée pour la société.
On peut notamment penser au développement du partage des connaissances, qui a été permis par le développement des communications globalisées. Toutes les technologies définies comme « open source » sont liées à ces échanges d’informations et aux multiples contributions de citoyens à travers le monde, pour développer par exemple des logiciels à usage libre, que chaque citoyen du monde entier peut utiliser. C’est une avancée majeure dans la transition de notre économie extractive vers une économie collaborative. Ce partage s’étend également aux contenus culturels, qui peuvent maintenant être vus d’un bout à l’autre du globe assez facilement. Il faut également évoquer comment les réseaux de communication globalisés permettent de soutenir des processus positifs pour la démocratie, on peut notamment penser à la diffusion d’information contre la propagande via les réseaux sociaux dans des pays où des régimes autoritaires sont menaçants avec les organes de presse, ou encore la surveillance possible des processus électoraux via la collecte et la diffusion des résultats des élections comme cela s’est fait au Sénégal, durant différents scrutins.
La crise sanitaire qui a commencé en 2020 a remis en perspective les travers de notre monde globalisé. De nombreux gouvernements se sont en effet interrogés sur la dépendance à certaines régions du monde pour la fourniture d’une série de marchandises, en prétendant qu’il serait nécessaire de remodeler nos systèmes économiques sur des échelles plus régionales. Cette idée n’est pas neuve et est mise en avant depuis longtemps par différents experts qui travaillent sur des scénarios de transition pour nos systèmes alimentaires. L’essai n’a cependant pas été transformé et tous les indices nous poussent à croire que comme après la crise financière de 2008, les intérêts les plus influents de notre système globalisé vont tout faire pour réanimer le système économique d’avant, qui semble pourtant à bout de souffle.
La crise actuelle liée à l’invasion armée de l'Ukraine par la Russie conforte pourtant la nécessité de modifier les baromètres de notre économie. La Russie et l’Ukraine représentent 30% de la production blé exportée au monde, la mainmise probable du régime Russe sur l’Ukraine entraîne donc une augmentation du prix des céréales, qui pourraient à long terme littéralement exploser. On savait déjà depuis longtemps que l’Ukraine était le grenier de l’Europe, tout comme la Chine est l’atelier du monde, l’Inde le bureau du monde et le Brésil la ferme du monde et toutes ses spécialisations extrêmes de ces différentes économies n’ont une valeur ajoutée que financière, bien souvent captée par un nombre limité de groupes d’intérêt privé et au détriment total de l’environnement et des droits sociaux. La question de la dépendance énergétique à certains régimes autoritaires remet également en perspective la nécessité d’autonomie régionale dans ce domaine, avec l’occasion en plus d’opérer nécessaire transition vers des énergies plus durables.
Comment réfléchir à la transition économique en tirant profit des possibilités données par la globalisation ?
Comment réaliser un renversement de paradigme vers une économie globalisée plus juste et plus durable ?
Comment rendre aux travailleurs du monde entier une dignité en arrêtant de les considérer comme un vulgaire facteur de production ?
Comment faciliter le travail, le développement des connaissances par l’échange et les contributions des citoyens du monde entier ?
Comment utiliser les possibilités de la globalisation pour des démocraties plus efficaces et des citoyens plus engagés dans le débat public ?
Comment empêcher les firmes transnationales d’affaiblir les Etats, en les mettant en concurrence afin de tirer vers le bas les cadres légaux sociaux et environnementaux ?
Toutes ces questions seront posées lors de la nouvelle édition 2022 de la Quinzaine de la Solidarité Internationale
La Quinzaine de la Solidarité Internationale est un événement de la Ville de Bruxelles mis en place par la Cellule Solidarité internationale avec la collaboration du Conseil consultatif de la Solidarité internationale. Mais aussi de la société civile, à savoir toutes les associations qui apportent leur connaissance du terrain lors de l’événement.
Découvrez le programme détaillé de tous ces événements au fil des pages et prenez part à ces moments d'échanges et de partages.